Données privées : WhatsApp tente de rassurer ses utilisateurs
WhatsApp a tenté mardi de rassurer ses utilisateurs, inquiets à l'idée que la messagerie ne partage davantage de données avec sa maison mère Facebook - les nouvelles règles publiées la semaine dernière ayant suscité un mouvement de panique et des records d'inscription chez ses concurrents Signal et Telegram.
"Avec toutes les rumeurs qui circulent, nous voulons répondre à certaines des questions les plus communes que nous avons reçues", écrit WhatsApp sur son site web, dans la rubrique "sécurité et confidentialité".
"Nous voulons dire clairement que la mise à jour n'affecte en aucune façon la confidentialité des messages échangés avec vos amis et votre famille", déclare la messagerie.
Jeudi, WhatsApp a demandé à ses quelque deux milliards d'utilisateurs d'accepter de nouvelles conditions d'utilisation, lui permettant de partager plus de données avec sa maison-mère Facebook, sous peine de ne plus accéder à leur compte à partir du 8 février.
Les changements ne concernent que les conversations éventuelles avec des entreprises, assure WhatsApp, qui voulait "faire preuve de plus de transparence sur comment nous récoltons et utilisons les données".
Le groupe californien, qui tire ses immenses profits de la publicité ciblée sur Facebook et Instagram, a entrepris de dégager des revenus de ses messageries, comme Messenger, en permettant aux annonceurs de contacter leurs clients, voire d'y vendre directement leurs produits, comme c'est déjà le cas en Inde, son plus grand marché avec quelque 400 millions d'utilisateurs.
WhatsApp a cherché à rassurer les utilisateurs inquiets dans ce pays d'Asie du Sud, en publiant dans les journaux de mercredi un message, en pleine page, qui affirme notamment : "Le respect de votre vie privée est encrypté dans notre ADN".
- Telegram jubile -
WhatsApp, racheté par Facebook en 2014, a construit sa réputation notamment sur la protection des données. La mise à jour a provoqué un tollé sur les réseaux, à l'image de l'emblématique patron de Tesla Elon Musk qui a tweeté "Utilisez Signal".
"Il y a beaucoup de désinformation sur les conditions d'utilisation de WhatsApp en ce moment", a réagi mardi Adam Mosseri, le patron d'Instagram.
L'opération de rattrapage arrive un peu tard: les messageries sécurisées Signal et Telegram font un carton depuis jeudi dernier.
"Durant la première semaine de janvier, Telegram a dépassé les 500 millions d'utilisateurs actifs mensuels. Puis les chiffres ont continué de grossir: 25 millions de nouveaux utilisateurs ont rejoint Telegram lors des 72 dernières heures", a déclaré mardi son fondateur russe Pavel Dourov, sur sa chaîne Telegram.
"C'est une augmentation significative par rapport à l'année dernière", a-t-il poursuivi, expliquant que Telegram avait déjà connu des vagues d'inscription subites durant ses "sept années d'expérience en matière de protection de la vie privée des utilisateurs". Mais "cette fois-ci, c'est différent", a-t-il dit.
"Les gens ne veulent plus échanger leur vie privée contre des services gratuits. Ils ne veulent plus être pris en otage par des monopoles technologiques", a ajouté le milliardaire de 36 ans.
- Signal décolle -
Signal et Telegram figurent en tête des téléchargements d'applications gratuites sur les plateformes Apple Store et Google Play dans plusieurs pays.
Pour mieux conquérir ses nouveaux utilisateurs, Signal a même publié un tutoriel pour les aider à importer facilement leurs conversations de groupe depuis une autre application de messagerie.
Si bien que l'afflux de nouvelles connexions a provoqué certains problèmes techniques entre jeudi et vendredi. "Les codes de vérification sont actuellement retardés (...) parce que beaucoup de nouvelles personnes tentent de rejoindre Signal actuellement", avait expliqué l'entreprise.
Lancée en 2014, l'application américaine Signal est considérée par les spécialistes comme l'une des applications de messagerie les plus sécurisées du marché grâce notamment à sa capacité de chiffrer "de bout en bout" messages ou appels audio et vidéo.
Fondée en 2013 par les frères Pavel et Nikolaï Dourov, créateurs auparavant du très populaire réseau social russe VKontakte, Telegram affirme faire de la sécurité sa priorité et refuse généralement de collaborer avec les autorités, ce qui lui a valu des tentatives de blocage dans certains pays, notamment en Russie.
(AFP)